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Je rentre d’une conférence absolument exceptionnelle sur le pardon organisée par la communauté de Findhorn, la première communauté éco-spirituelle de la planète, fondée il y a 51 ans par Eileen et Peter Caddy et Dorothy MacLain (voir : www.findhorn.org). Le niveau des intervenants était remarquable, l’engagement des participants total et le résultat fut dans la grande tradition des meilleures activités de ce centre célèbre dans le monde entier.

Depuis des décennies, on entend trop parler des côtés négatifs de l’Afrique – parfois exclusivement. Alors, ayant vécu plus de 11 ans sur ce superbe continent, il me plait à relever une coutume de l’Afrique noire qui  existe depuis la nuit des temps et qui décrit une coutume (hélas en voie de disparition avec l’urbanisation ultra-rapide du continent) de laquelle nous aurions d’urgence besoin de prendre des leçons de civilisation. Cela se passe dans le domaine de la pratique de la justice. C’est cette pratique qui forma les bases de la fameuse commission Vérité et Réconciliation mise sur pied par Mandela après l’indépendance de ce pays si longtemps déchiré par une lutte dramatique.

Notre justice est rétributive : tu as commis ce délit, voici ta peine (qui sera à la mesure de la gravité du crime.) C’est le fameux œil pour œil, dent pour dent de l’Ancien Testament légèrement habillé pour avoir l’air moins barbare. Et s’il n’y a pas de rééducation, le petit « jeu » peut continuer indéfiniment, comme cette prison romande où un détenu en est à sa 53è incarcération (parole de gardien-chef).

En Afrique, où le sens de la communauté, du « Je suis toi et tu es moi » (traduit par la fameuse expression « ubuntu ») l’approche est radicalement autre. (Voir le film superbe, en français, In My Country, avec Juliette Binoche qui joue là un de ses meilleurs rôles). Toute la communauté est impliquée dans le processus de justice. Tout le village se réunit, le criminel/délinquent est amené devant tous, et s’il se repent sincèrement (et toute la collectivité juge de sa sincérité, non seulement la victime), et que la victime lui pardonne, il est immédiatement réintégré dans la communauté villageoise, quitte à réparer dans le mesure du possible le mal commis.

C’est ainsi que nous avons pu voir à Findhorn deux films sur l’horrible guerre civile qui déchira il y a quelques années le Sierra Leone. (Fambul Tok de Sarah Terry dont on peut voir la bande de lancement sur YouTube) et un deuxième film sur le génocide du Rwanda en 1994. Nous ne pûmes qu’être stupéfaits par une cadre culturel qui permet à une mère dont les enfants ont eut la tête coupée et le corps sauvagement découpé de donner l’accolade à son bourreau, ou cet homme dont 65 membres de la famille élargie périrent dans le génocide aller faire la paix avec le bourreau en prison, expliquant son geste en disant : « Lui  était en prison, mais moi j’étais le prisonnier. »

Prenons en de la graine, nous qui pendant tout le 19è siècle sommes allés « civiliser » l’Afrique (après en avoir tiré des millions d’esclaves pendant des siècles).

PS : Je me dois impérativement de mentionner ici le travail exceptionnel de mon ami Olivier Clerc, (olivierclerc.com) avec les création partout en France et ailleurs (et je prédis un jour dans le monde entier) de Cercles de pardon.
Par ailleurs, je prépare en ce moment un petit livre sur le pardon dans la collection « Pratiques » de Jouvence qui sortira au printemps 2014.